Bivouac dans un « retour d’est »

Adossée à un mur de neige, plus d’une vingtaine de tentes ballottées par un vent violent venu directement d’Italie, ce fameux « retour d’est » attendent les attelages qui viennent de boucler 46 km, la plus longue étape de La Grande Odyssée VVF. Des ballots de paille sont posés en vue de la nuit. Des bidons d’eau chaude sont à disposition et une ligne câblée est tirée depuis chaque tente sur une quinzaine de mètres pour que le musher puisse attacher leurs chiens pour la nuit ainsi que son traîneau.

Elsa Borgey glisse doucement sous la voûte étoilée vers le bivouac. Ses hounds sont calmes, elle est fière de leur performance, l’attelage part s’installer sur la stake out aménagée pour l’occasion au pied du col. Elle vient de franchir largement en tête cette demi-étape Bessans-Bonneval-sur-Arc-Val Cenis présentée par Francodex qu’elle a couverte à 20,9 km/h, une jolie moyenne compte tenu de cette très longue montée finale de plus de 40 mn jusqu’au col du Mont-Cenis. A la différence des autres étapes, seuls les mushers et leurs chiens, sans le soutien de leurs fidèles handlers, passent la nuit sous tente. « J’appréhendais un peu cette nuit en bivouac » avoue Agnès Phillipona venue de Neuchâtel (Suisse) pour participer à son premier Trophée Allianz. Et même si « la nuit a été très courte avec 2 à 3 h de sommeil », la jeune musheuse juge le lendemain que « les chiens ont été exemplaires. En fait, il n’y avait pas beaucoup de bruit ».

Les arrivées se sont étalées sur près de 3 h. A peine la ligne franchie, les vétérinaires vérifient, grâce à la puce que porte chaque animal, si ce sont bien les chiens qui ont pris le départ. Ils s’enquièrent d’éventuels bobos ou boiterie. Gilles Olivier, en arrivant, signale qu’un de ses chiens de tête, a un souci à sa patte avant droite. Très vite, il est pris en charge par une vétérinaire qui finalement décidera de l’envoyer, dès le lendemain matin, dans une clinique spécialisée en ostéopathie animale.

Sur La Grande Odyssée VVF, on ne badine pas avec la santé animale et la team vétérinaire de 10 professionnels passionnés par la médecine canine est constamment en alerte pour s’assurer que les athlètes à poils de l’épreuve soit au mieux de leur condition.

Dès leur arrivée sur la stake out, les mushers sortent les manteaux des chiens. Alors que le vent se chargent de neige, les chiens se pelotonnent dans la paille, le nez dans leurs pattes. Ils attendent sagement que leur maître leur prépare une pâté reconstituante. Cindy Duport installe sa propre tente car elle, comme quelques autres telle Cécile Durand, dormiront avec la meute. Chaleur sous la tente garantie malgré les -15° ressentis dehors. Cindy sort les laisses, attache ses huit chiens et part les promener à la belle étoile « pour les détendre et qu’ils puissent faire leurs besoins ».

Deux heures plus tard, tout le monde dort. Un whou whou whou retentit dans la nuit. Un autre lui répond. Puis c’est le silence. Le vent a assommé tous les attelages. Demain départ dans le blizzard.