Sous les étoiles, le bivouac.
En contrebas du col du Mont-Cenis, une trentaine de tentes ont été alignées sur un replat. Des bottes de paille, des bidons d’eau chaude, les sacs de chaque concurrent et des piquets bien ancrés dans la neige glacée sont à disposition pour les attelages de la Grande Odyssée VVF et du Trophée Allianz. Après l’effort des 47 km d’une étape rude, le réconfort d’une nuit de repos attend ces athlètes à poil. Sous un ciel bleu nuit parsemé d’étoiles, le campement est presque cosy, malgré une température annoncée à -10 ° et des rafales de bise venues de l’Italie si proche. Les 300 chiens ne demandent pas leur reste. Un bouchon de paille et on se met en boule, le petit museau dans les pattes, chacun le long de la ligne de trait, tirée entre la tente et le traineau. La promiscuité des attelages ne suscite aucune d’animosité. Chacun a le même objectif : le repos. Le musher s’affaire à sortir du sac les manteaux molletonnés pour que ses fidèles compagnons ne perdent pas la chaleur de l’effort. Moins fragiles que les hounds et leur poil ras, les huskies avec leur belle fourrure profonde semblent plus flegmatiques. Pour eux, le froid n’est pas un sujet. Pour autant, ils ne dédaignent pas une protection douillette.
Si certains dorment déjà, d’autres n’attendent qu’une chose, la gamelle, que le musher doit préparer seul, car au bivouac, les handleurs, ces fidèles adjoints, ne sont pas autorisés. C’est l’autonomie complète. Cindy Duport et Elsa Borgey ayant leur propre tente, ont fait entrer tous leurs hounds à l’abri, tandis que Hans Nordahl, l’actuel leader de l’édition, leur a installé un tunnel sur 6 m, préservant ainsi à chaque chien son espace. Ceux de Jean Combazard sont contents de la petite balle de paille mise autour d’eux, mais font un peu grise mine devant leur gamelle avec eau chaude, viande et croquettes. Ouessant et Hoedic ses wheel-dogs, c’est à dire les plus puissants de la bande, font la fine bouche. « Il va renverser sa gamelle pour ne manger que la viande » anticipe Jean. Ça ne rate pas. D’un geste délicat de la patte, le bol est couché et le chien récupère les morceaux de choix. Il sera toujours temps dans la nuit de grignoter les croquettes laissées de côté.
Trois tentes plus haut, Sitka lance un long hurlement dans la nuit, Musky lui répond timidement suivi des vibrations éraillées de Chips. Un wouf puis deux, puis cinq émergent de la paille, les vocalises de Yukon prennent le relai. Le concert canin à capella monte de la stake, emplit l’air et transforme le site exceptionnel du col du Mont-Cenis en gigantesque amphithéâtre musical.
« C’est pas bientôt fini les choristes ? Y en a qui dorment …
© FX Repellin